Quelle lecture épouvantable! non que le livre soit mauvais, mais bien sûr lire 300 pages sur l’adultère quand on est en couple est une véritable mine à angoisses. soyez en forme si vous décidez de le faire!
à vrai dire, je n’ai pas aimé ce livre autant que je le pensais. je le trouve bordélique, avec pour conclusion : tous les cas sont possibles… well merci!
en revanche, j’y ai appris de très belles choses. parfois douloureuses mais belles.
1. le phénomène de l’adultère est universellement observé
donc soit, il faut y voir un besoin universel de transgression soit que notre modèle amoureux, monogame et romantique, est universellement inapproprié à l’espèce humaine (pour les anglophones, je vous conseille la lecture incroyable de SEX AT DAWN sur ce thème, je suis en train de le dévorer!).
2. l’amour romantique est un “idéal” impossible et donc toxique
attention roulement de tambour : les gars, l’âme soeur n’existe pas! penser qu’il y a une personne qui est à la fois ton meilleur ami, ton meilleur amant, le meilleur père qui soit… pour toujours, est une idée fausse, qui met une pression sur le couple et donc le fragilise.
3. les narratifs sur l’adultère sont injustement genrés
comme pour la honte (décortiquée par Brené Brown dans Daring Vulnerability), le discours est genré. les hommes qui trompent sont des salauds étouffés par l’intimité du couple, les femmes, elles sont en quête de sens et d’elles-mêmes…
ça vaut vraiment le coup d’y réfléchir!
4. je suis plus angoissée par l’idée de tromper mon partenaire que par le contraire
EP ne donne aucune idée pour éviter l’adultère (ou j’ai pas bien lu). mais si je tire le fil, pour ma part, tout est une question de vérité. envers soi-même. envers l’autre. et ça me touche quand je lis que certaines personnes “pense” vraiment ne pas être “ce genre de personne” alors qu’ils entretiennent une liaison depuis des années. et sans en être là, je trouve cette honnêteté hyper difficile. notamment si ce dont tu as envie/besoin évolue avec le temps et que donc l’accord (souvent tacite) de départ n’est plus valable. genre “j’ai plus envie de faire ça”, “j’ai plutôt envie de ça”, “j’aimerais bien essayé de coucher avec une femme” ou “ça te dirait qu’on devienne poly-amoureux?!” etc, etc, wahou, je trouve ça vertigineux mais ça m’a donnée du courage pour initier certaines discussions difficiles. et il le faut car… point 2
5. les personnes qui subissent un adultère sont souvent totalement isolées
Aux états-unis par exemple, la pression sociétale fait qu’un adultère doit nécessairement aboutir à la fin du couple. or de nombreux couples continuent de s’aimer et désirent reconstruire une relation, même détruite. la diabolisation de l’adultère place donc le couple désirant continuer dans un très grand isolement et donc une détresse accrue. grosso-modo, ils n’ont plus que le thérapeute pour les aider. pensez à ça si cela arrive à votre entourage.
6. la réaction à l’adultère est aussi conditionnée sociétalement
aux états unis, c’est souvent la dévastation totale, au Sénégal en revanche, où EP travaille avec des communautés de femmes, il y a sentiment de trahison, colère mais les femmes ne se sentent pas “entièrement” détruite par un mari qui va voir ailleurs.
7. la trahison sexuelle, la pire des trahisons?!
on oublie souvent toutes les raisons qui amènent à cette situation. par ex. dans certains couples, l’une des deux personnes ne veut plus faire l’amour, et oblige l’autre à un “célibat” sexuel. qui trahit qui? la vie d’un couple, d’une famille ne doit pas être réduite à la fidélité sexuelle : j’ai été touchée par cet homme qui disait :”mais j’ai soutenu ma femme pendant son cancer, quand son père est mort, j’étais là quand son frère drogué a passé plusieurs mois à la maison et on s’aime encore… je ne veux pas que notre relation soit réduite à “j’ai couché avec une autre femme”.
8. certaines personnes trompent, au risque parfois de tout perdre. pourquoi? parce que cela correspond à une nécessité inconsciente.
ainsi il y a des couples aimants et heureux mais la femme va coucher avec le jardinier parce qu’il la connecte à une partie d’elle-même qu’elle ne connaissait pas et qui lui devient essentielle, vitale. son travail avec EP sera donc d’intégrer cette partie d’elle-même dans sa vie de couple pour ne plus à avoir à solliciter le jardiner. d’où la nécessité de se connaitre! et la boucle est bouclée avec mon point 3.
9. l’adultère est comme un cancer : EP ne le souhaite à personne mais constate qu’il permet parfois de connecter le couple à une vérité et un amour plus profonds
elle salue notamment la créativité et la compassion dont certains font preuve pour réinventer leur vie à deux… ou plus!
d’Esther Perel, je préfère de loin ses talks (sur l’infidélité et sur le désir) et surtout son podcast Where Should We Begin où elle enregistre ses sessions de thérapie avec des couples : tellement compassionnel, ça m’a bouleversée plus d’une fois et on y apprend énormément sur la relation de couple! notamment qu’il faut grandir, apprendre et être honnête. l’amour, le sexe et l’intimité ne sont pas des choses “naturelles” ou innées. re-roulement de tambour : les gars, il faut taffer!
à bon entendeur.se mille bises, et vive l’amour!