L’autre jour, je reçois un message d’Elsa Wolinski “Mai, on est de fan de toi à la maison, je viens de retrouver une photo de moi à 24 ans, aimerais-tu que je te raconte?”. Elsa et moi pourtant, on ne se connait pas. on va se rencontrer tout à l’heure pour la première fois et j’aurai sans doute des sanglots en la regardant. elle qui m’a confié son histoire, à 20ans, alors qu’elle était une autre.
Elsa, c’est vraiment incroyable ce que tu vas nous partager là. et je te souhaite tout le bonheur du monde.
Mon bonheur éclatant m’a sauté aux yeux. Moi qui passe ma vie depuis des années à chercher le plaisir de vivre, voilà que sur cette image, je le trouve sur mon visage. Ça veut dire que j’ai été heureuse. Vraiment heureuse. Comme un enfant léger, comme un éclat de rire, comme un premier amour, comme le premier baiser, oui j’ai touché le bonheur du doigt, je me suis même baignée dedans pendant des années. Oui je m’en souviens ça y’est mais… c’était il y a longtemps. C’était avant. Avant le noir, avant le loup.
Sur la photo je suis à la fête de l’humanité. J’ai 24 ans. Je suis heureuse. Je suis insouciante, rigolote, jolie, je me sens bien dans ma peau. Je ne sais pas encore que bientôt tout va basculer. J’aime la fête de l’huma, les gens sont chaleureux, tendres, ils me regardent, je suis la fille de Wolinski, la fille d’un homme qui leur inspire le respect, l’humour, les accolades. Moi, je suis un peu snob, un rien allumeuse, je profite de cette notoriété familiale pour aller de fête en fête, de stage en stage, j’aime tout, je veux être comédienne, styliste, danseuse, écrivain, peintre, mais avant tout je veux être célèbre. C’est con quand même de vouloir être connu avant d’avoir une passion. D’ailleurs je n’ai jamais eu de passion, peut- être pour les polars ou pour Columbo ou les enfants j’adore les enfants.
Bref après cette photo, l’année de mes 25 ans. Je suis tombée dans la drogue. La cocaïne. Et j’ai suis tombée amoureuse d’un bourreau. Celui qui pendant cinq ans fera de moi un fantôme. Une autre Elsa. Du jour au lendemain je me suis donnée toute entière à la poudre blanche. Je me levais je snifais, à midi j’étais déjà ailleurs, perdue, tellement larguée. Je me souviens un jour d’avoir regardé mes yeux et d’y avoir trouvé une détresse infime. J’ai découvert, la perte de confiance, la violence, l’envie de mourir, la peur et une tristesse qui semble s’être malheureusement enracinée en moi.
J’ai perdu des plumes mais sauvé mon âme. Je m’en suis sortie. J’ai mis des années. Aujourd’hui je voudrais retrouver cette fille qui riait à la fête de l’huma.