(photos recueillies sur style.com)
Mes clients comme mes copines me posent souvent la question de comment je capte mes couleurs pour créer mes palettes. Alors, je vous montre. La première chose, c’est que je regarde beaucoup. J’observe. Et parfois, ça prend une tournure ou une autre dans ma tête. Aux Arts Déco, dès qu’on allait dans la rue, à une expo, on faisait ce qu’on appelle des relevés de couleurs. Tout ça est assez spéculatif, car on ne relève pas toutes les couleurs que l’on croise, mais certaines choses nous captent, se regroupent. On ne sait pas exactement pourquoi. “ça me touche” disait Nan Goldin.
Avez-vous suivi la fashion week? ça vous intéresse? je suis folle de mode. Mais plus ça va et plus s’opère chez moi une dichotomie entre la mode que je vois, dans les magasines, les shows, chez Colette et celle que je porte. Deux intérêts, deux émotions différentes mais pour autant assez présentes dans ma vie et mon travail. La première, purement visuelle, virtuelle mais qui a dit que le virtuel n’était pas la vraie vie? disons que c’est réel et immatériel. Des images. Qui me touchent. La seconde elle, est dans la sensation, le porté, le mouvement, l’intime, une forme de satisfaction (ou pas) au quotidien.
Alors voilà, à chaque saison, je regarde les shows sur internet, certains m’intéressent d’avantage. touchée. et puis j’analyse, là encore de manière assez spéculative et je fais mes codages. ça donne ça (le vêtement à gauche, la beauté à droite; un carré pour le teint, puis les yeux et enfin la bouche) :
bon alors vous voyez? y a encore quelqu’un?
qu’est ce que je vois :
1/ il y a beaucoup, beaucoup de couleurs : je me rappelle de certaines saisons ou excepté Dries Van Noten, il n’y avait que du blanc, noir, beige, gris et bleu (mais ça compte pas, c’était du denim).
2/ en même temps, le color block, c’est fini. Les nuances sont plus fines. beaucoup d’imprimés. Acne oui joue encore l’aplat mais le couple au noir et au blanc.
3/ les rapports de tons sont extraordinaires. savants. chez Burberry et Rodarte notamment.
4/ les tons pastels sont de retour. beaucoup de défilés ont parlé d’eau, d’océan, de surfers et de sirènes : Chanel, Alexander Mac Queen, Pillip Lim, Givenchy… ça fait beaucoup! Du coup, les pastels sont entrecoupés de transparence. ll ne s’agit plus uniquement de couleurs plates et blanchies. J’avais repéré ces nuances sur d’anciens makeup des défilés Dior, mais là on passe au vêtement. J’ai beaucoup aimé la manière dont Marc Jacobs a parlé des choses “nice”. C’est bien parfois des choses juste nice. innocentes, amoureuses, lumineuses. Les verts d’eau, petits jaunes, rose légers, lilas, bleu ciel me plaisent tellement!
5/ le makeup est nude de chez nude. Il y a bien eu le liner ocre-rouge de Marni, les bruns sculptants de Thakoon, le rouge à paupières de Miu Mui, le regard bleu nuit de Rodarte, mais ça s’appelle des exceptions. La quasi totalité des shows proposait des peaux unifiées sans blush, des sourcils présents, bien dessinés, mais naturels, et des lèvres couvertes de fond de teint. Parfois un peu de rose nude (Chanel), de liner noir discret (jil Sander), de smoke doux (Lanvin), mais c’est très très ténu.
6/ Peter Philips disait pour le show DVN que les imprimés étaient tellement forts que même un blush sur le visage aurait été too much. Alors que les années précédentes, on nous disait que le visage faisait partie intégrante de la silhouette (d’où le rouge, l’orange, le fushcia sur les lèvres), on reviendrait à une séparation du visage et du corps. Je médite.
Alors est ce que ça veut dire qu’il “faudra” porter des petits top lilas avec un visage comme à oil-pé l’été prochain? bah, on fait ce qu’on veut non? Mais cette nouvelle saison me fait très très envie. Et vous qu’en avez vous pensez? ça vous touche?
Mille kisssssses










